lundi 26 mars 2012

-3- Questions, Reflexions. Comment expliquer de telles tragédies?

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Mise à jour le 9 septembre 2015

 
Durant de longs mois, plus de 3 ans maintenant, je n'ai pas cessé de chercher des réponses à toutes mes questions. Comment un tel drame peut-il se produire? Pourquoi? Comment les éviter? Si certaines de ces questions restent et resteront probablement sans réponse, il en est dont les solutions sont tellement évidentes que beaucoup les refusent.
J'ai pu lire à de nombreuses reprises cette question : "Comment est ce possible d'oublier son enfant ?" ou pire, l'affirmation péremptoire : "C'est impossible d'oublier son enfant" . La deuxième proposition est évidemment une réaction purement épidermique, les faits sont là pour montrer , hélas, le contraire.
Quant au comment, c'est la question essentielle, avec comme corrollaire la question suivante : "Comment faire pour que cela ne puisse pas se reproduire ?"

Comment cela peut il arriver?

Imaginez une journée de travail bien classique : Votre journée va être longue, beaucoup de dossiers à traiter. 
Vous partez tôt pour le bureau, le temps est maussade comme souvent au printemps ou en automne, ici et là , des nappes de brouillard. Vous vous garez sur le parking de votre entreprise et rejoignez votre poste. La matinée se passe normalement. Il est midi, vous avez trop de travail et décidez de ne pas rentrer manger chez vous à midi pour ne pas perdre de temps dans votre tache. Le soir, vers 18H , votre journée terminée, vous retournez vers votre voiture. Un coup de clé de contact, rien ne se passe. La batterie s'est déchargée toute la journée. Le matin vous aviez allumé vos phares à cause du brouillard et vous avez oublié de les éteindre à votre arrivée. Cela s'était déja produit mais il était midi, le problème n'était pas grave et vous aviez pu démarrer malgré tout pour rentrer chez vous.

Un autre cas qui vous est déja arrivé : Vous avez oublié votre téléphone portable à votre domicile, et vous devez appeler un collègue. Vous empruntez naturellement celui d'un autre collègue pour passer votre appel.

Qu'est ce qui fait que dans un cas le problème a eu une conséquence génante et pas dans l'autre ? Vous n'avez pas réussi à démarrer votre voiture tout simplement parce que les phares sont restés allumés suffisamment longtemps pour que la batterie de votre voiture soit complètement déchargée. Dans les autres cas (batterie pas complètement déchargée , ou téléphone oublié) les conséquences ont été insignifiantes car vous avez eu besoin de votre voiture ou de votre téléphone, ce qui vous a permis de résoudre naturellement votre problème.

Je crois que la réponse est ici même. En effet, le besoin vous a obligé à prendre conscience de votre oubli. Pouvez vous dire que , si vous oubliez votre enfant, le besoin de l' avoir avec vous , vous fera prendre conscience de votre oubli? NON, malheureusement. Personne ne peut dire : " J'ai besoin de mon enfant pour accomplir mes taches professionelles". Cette constatation peut paraître terrible, mais elle est malheureusement evidente.

C'est là que se trouve la cause principale du fait que la trés grande majorité des décés d'enfants se produit lorsque ceux ci ont été oubliés. Un parent qui laisse son enfant dans sa voiture, le temps d'aller acheter le pain ou de faire quelques courses rapides, a conscience du fait que l'enfant est seul. Un parent qui, pour une raison indépendante de sa volonté oublie son enfant n'a aucune conscience de cet oubli.

Le fait d'avoir conscience de cet acte n'élimine pas pour autant les dangers qui guettent l'enfant: ce parent peut avoir un malaise pendant qu il fait ses emplètes, le véhicule peut être heurté par un chauffard, il peut être volé (cela se produit régulièrement) , l'enfant lui même peut mettre en mouvement le véhicule (cela s'est produit aux pays bas en 2011), un incendie peut se déclarer dans le véhicule (Argences, Calvados en 2009) , un rendez vous peut se prolonger, et l'enfant peut avoir à en souffrir (plusieurs cas en France ces dernières années). Le seul impératif : NE JAMAIS LAISSER SANS SURVEILLANCE UN ENFANT DANS UNE VOITURE EN STATIONNEMENT. La température extèrieure n'est pas un critère à considérer. Aux USA, des enfants sont morts d'Hyperthermie et de deshydratation par des températures de l'ordre de 12°C, simplement parce qu'ils étaient vétus en conséquence , et la température augmentant considérablement dans un véhicule fermé, elle a atteint un seuil tel que l'organisme de ces enfants n'a pu le supporter. Une étude publiée sur le site de du professeur Jan Null, montre que , même avec les vitres entrouvertes, ce danger est bien réel.

Comment une telle défaillance de la mémoire peut elle se produire ? 

On peut lire ici et là , des affirmations contradictoires : Certains donnent la routine comme protection absolue, d'autres comme ennemi absolu. Qui croire ? À mon avis, les deux affirmations sont vraies, mais elles sont fausses en même temps.
Pourquoi?

La routine peut être une alliée parcequ'elle engendre un automatisme dans les actes et crée ainsi un rempart contre toute déviation non volontaire.
Elle peut être un ennemi terrible dans la mesure ou un grain de sable infime vient perturber ce mécanisme .
On a vu aux USA , le cas d'un pasteur qui a oublié son enfant alors qu'il allait préparer une fête avec plusieurs dizaines d'autres enfants , plus grands. Le cas de la maman de Maxine , décédée début juin 2010  à Arcueil est trés significatif lui aussi : Cette femme travaillait chez Orange. Pour pouvoir éléver ses 4 enfants plus sereinement, elle avait refusé un poste qui lui aurait posé beaucoup de problèmes de ce point de vue. Elle avait l'habitude d'aller à son travail en utilisant les transports en commun. Ce jour là, tout un engrennage s'est mis en route : Une fille malade de leucémie, un autre enfant qu'elle a veillé tard la veille au soir à l'hopital, avec toute l'angoisse que l'on peut imaginer, une journée de travail qui devait être la dernière, justifiant l'utilisation de sa voiture plutot que les transports en commun car elle devait récupérer sur son lieu de travail des objets personnels difficiles à transporter autrement. Ce jour là, la routine ne pouvait pas l'aider, tout le contexte étant different de ce qu'il était d'ordinaire.
Dans le cas de mon gendre , qui, s'il n'amenait pas tous les jours Yannis chez moi, le faisait parfois, c'est un incident sans gravité (accident de la circulation avec délit de fuite) qui était le déclencheur.
On lit souvent aussi dans de nombreux commentaires (sur internet principalement) que de tels drames cachent une maltraitance. Je m'élève vigoureusement contre de telles affirmations. A ma connaissance tous ces enfants décédés étaient des enfants désirés (parfois longtemps) , aimés , choyés, trés loin d'être des enfants maltraités. Yannis était dans ce cas, il suffit de voir la quantité de photos , de jouets qui se trouvent à mon domicile ou chez ma fille. Il faut voir sa chambre pour comprendre que si tous les enfants maltraités dans le monde l'étaient comme Yannis l'était, alors la terre serait un paradis !

Je crois que seuls des spécialistes en neurologie pourraient dire mieux que moi certaines choses, mais toutes les recherches que j'ai menées ici et là, montrent que la mémoire est un domaine extrèmement complexe.
Il existe plusieurs types de mémoire , dont un , si j'ai bien compris , qui est appelé mémoire procédurale , ou mémoire à court terme, dans laquelle notre cerveau emmagasine les taches a effectuer dans un délai court, mémoire qui s'efface quasiment en permanence dés lors que la tache a été accomplie. Si un événement impromptu survient, il peut arriver que cette zone de mémoire subisse une sorte de "remise à zéro" qui va effacer toutes les taches restant a effectuer parce que cet événement vient créer une tache inattendue a effectuer immédiatement. Cela peut être un simple coup de téléphone. Dans le cas de Yannis ce fut un simple accrochage dans la  circulation. L'oubli est un processus quasi permanent dans cette zone de mémoire .
Oublier son enfant, et c'est cruel et terrible de dire ceci, n'est rien d'autre qu'une tache normale effacée ainsi de notre cerveau. En général, et c'est heureux, on oublie la lumière en quittant son domicile, ou son téléphone portable, ou l'adresse du prochain rendez vous que l'on n'a pas noté, et la plupart du temps ces oublis ne prètent qu'à rire aprés coup.
J'ai pu lire aussi des déclarations "à chaud" de spécialistes qui manifestement avaient surtout cédé à la précipitation dans leur analyse et proposaient des théories pseudo-psychanalitiques "fumeuses" sur lesquelles je ne m'étendrai pas, ces spécialistes ne connaisant au moment de leurs déclarations, rien de ce qui s'était passé ni du contexte dans lequel tout s'était passé. Je ne m'étendrai pas plus sur une déclaration , à mon avis trop rapide, de l'un d'entre eux, Les psychiatres S.C. et S.H. , qui déclaraient qu' il était significatif de constater que ce genre d'oubli survenait essentiellement aux hommes et quasiment jamais aux femmes. Manifestement ils étaient bien mal renseignés , car ils auraient pu savoir qu' aux USA une étude montre clairement que dans les cas de décés d'enfants oubliés dans des voitures, le sexe de l'adulte en cause n'a aucune influence. Il est vrai que ces déclarations avaient été faites (dans l'urgence?) peu de temps aprés la disparition de Yannis , puis de Zoé, oubliés par leur papa. Il n'y avait eu auparavant en France, que la petite Noémie en 2007, oubliée par son papa elle aussi. 3 cas pour une statistique , c'est assez peu il me semble .

Tout ceci montre que si tous ces cas sont tres differents, ils présentent malgré tout de nombreux points communs, que ce soit dans le contexte familial ou le déroulement des faits.
Ceci devrait donner des pistes exploitables afin de trouver des solutions pour empêcher à l'avenir de tels drames.


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